2023 aura été une année mouvementée sur les plans économique, financier et géopolitique, mais globalement positive pour les grandes classes d'actifs. Les principales économies ont vu leur croissance ralentir mais sont parvenues à retarder leur entrée en récession. Les ménages ont profité d'un marché de l'emploi résilient et ont puisé dans l'épargne accumulée durant la pandémie pour consommer. Les entreprises sont parvenues à conserver leurs marges, malgré la hausse du prix des matières premières et des salaires. Quant aux Etats, ils ont renoncé à l'austérité fiscale de manière à poursuivre leurs plans de relocalisation, de réindustrialisation et de réarmement. La crise bancaire, qui a secoué les banques régionales américaines et Crédit Suisse, n'a duré que quelques semaines, grâce à l'aide financière des Etats et aux injections de liquidités des banques centrales. Les conflits en Ukraine et au Proche-Orient semblent avoir mis fin à l'équilibre géopolitique mondial des précédentes décennies, sans faire flamber les prix de l'énergie ni des matières premières agricoles. Enfin et surtout, bien que le durcissement hors norme de politique monétaire ait généré un "credit crunch", rien ne s'est brisé dans l'économie.
Tout au long de l'année, les investisseurs ont donc régulièrement tremblé, mais les quatre principales classes d'actifs ont escaladé ce mur d'inquiétudes pour clôturer l'année avec des performances simultanément positives : +18% pour les actions, +10% pour l'once d'or, +5% pour le cash, +3% pour les obligations souveraines (cf. Fig. 2). Seuls la Chine, l'immobilier, le pétrole et le yen japonais ont enregistré des performances négatives à deux chiffres.
L'environnement étant propice, les investisseurs s'attendaient logiquement à ce que leurs placements financiers délivrent des revenus conséquents. La réalité est venue doucher leurs espoirs. Les portefeuilles "balancés", dont les données sont recensées dans les banques britanniques et suisses, ont généré des performances "décevantes" : 6.22% en euros et 7.39% en dollars (cf. Graphique de la semaine). À qui la faute ?
En 2024, si le taux de chômage grimpe au-dessus de 5%, comme l'anticipent nos modèles économétriques, alors la performance relative de l'or par rapport aux actions sera très positive. Au vu de la corrélation passée entre ces deux variables (cf. Fig. 5), le métal jaune pourrait dépasser 2'300 dollars l'once. En augmentant sa pondération dans les portefeuilles pour en tirer profit, les conseillers en investissement feront croître la demande et favoriseront d'autant plus l'appréciation du cours de l'or.
Les actions des minières aurifères, telles que Newmont ou Barrick Gold, sont à la traîne. D'un côté, elles voient leurs marges s'améliorer avec la hausse des prix de vente (cours de l'or) et la stabilité des coûts de production estimés à 1'358 dollars l'once. De l'autre, elles souffrent de la pauvre performance des indices boursiers (en dehors des magnificent seven et des granolas). La contre-performance de l'ensemble des sociétés du secteur en 2023 implique que celui-ci doive progresser de 50% par rapport au S&P 500 pour être en ligne avec l'appréciation du cours de l'or (cf. Fig. 6).
Après une année 2023 (pas si) facile, 2024 devrait être une année dorée.