Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les denrées alimentaires impropres à la consommation sont à l’origine de 600 millions de cas de maladies dans le monde et de 420 000 décès chaque année. Parmi ces cas, l'intoxication est l'une des principales causes, suivie par les allergies. La technologie vient en aide aux industriels de l’agroalimentaire pour réduire les risques sanitaires mais aussi pour faciliter la gestion des déchets.
La sécurité alimentaire est une préoccupation majeure pour les consommateurs. Les mesures courantes pour limiter les risques d’empoisonnement incluent les contrôles qualité, la formation du personnel, le processus de fabrication, la surveillance des rappels de produits dangereux, l’utilisation d’additifs et l’étiquetage des allergènes (cf. Fig. 2).
Des tests permettent de détecter les contaminants et les pesticides, la composition et la pureté des produits, l'exactitude des étiquettes sur les produits, le respect des réglementations, etc. Les entreprises spécialisées dans les tests de sécurité alimentaire jouent un rôle essentiel sur le marché mondial afin de protéger les consommateurs et leur donner confiance dans les produits qu'ils achètent. Le marché mondial des tests de sécurité connaît un taux de croissance annuel moyen de 7.6% et atteindra près de 30 milliards de dollars d'ici 2027. Agilent, Bureau Veritas, Eurofins Scientific, Intertek, SGS et Thermo Fisher font partie des grandes entreprises actives dans ce secteur. Elles fournissent des solutions de test, d'inspection et de certification.
Le respect de la chaîne du froid dans le processus de fabrication des aliments, dans le transport et dans la conservation doit également être monitoré pour assurer la sécurité des consommateurs. Le marché mondial de la chaîne du froid alimentaire devrait connaître un taux de croissance annuel moyen de 8.8% entre 2020 et 2025. Les pertes d'aliments frais ou périssables constituent une préoccupation croissante, depuis l'approvisionnement en matières premières jusqu'à la présentation des produits finis sur les étals des magasins. Les changements notables de température ambiante, résultant des changements climatiques, nécessitent une adaptation de l'infrastructure de la chaîne du froid, d'où le besoin croissant de solutions pérennes.
La demande de produits surgelés, nécessitant une manipulation spécifique ou des températures précises, s’accélère du fait de l'urbanisation croissante et de l’augmentation des classes moyennes dans les pays émergents.
Selon Global Cold Chain Alliance (GCCA), la capacité mondiale des entrepôts frigorifiques a atteint 719 millions de mètres cubes en 2020. Une grande partie du développement a eu lieu dans les marchés émergents. En Chine, la capacité des entrepôts frigorifiques a augmenté de 38% entre 2008 et 2018 et connaît encore une croissance à deux chiffres (cf. Fig. 3).
La traçabilité des denrées est un concept relativement récent dans le domaine de la sécurité alimentaire. Selon l'Organisation internationale de normalisation (ISO), la traçabilité est la "capacité de suivre le mouvement d'un aliment à travers une ou plusieurs étapes spécifiques de la production, de la transformation et de la distribution". Les principes régissant la conception et la mise en oeuvre d'un système de traçabilité des denrées alimentaires sont développés dans la norme ISO 22005:2007.
Le 15 novembre 2022, la Food and Drug Administration (FDA) a publié une réglementation sur la traçabilité des aliments. Elle est destinée à faciliter l'identification et le retrait rapide du marché des aliments potentiellement contaminés, afin de réduire le nombre de maladies d'origine alimentaire ou de décès. Cette nouvelle règle s'inscrit dans le cadre de la loi sur la modernisation de la sécurité alimentaire (FSMA) aux Etats-Unis.
La traçabilité contribue à réduire les cas de fraude alimentaire, de falsification et de faux étiquetage. Elle permet aux entreprises concernées d'être suffisamment souples pour répondre efficacement aux épidémies et autres urgences environnementales. Mais l'importance de la traçabilité alimentaire ne se limite pas à la seule sécurité sanitaire. Pour une entreprise agroalimentaire, investir dans la traçabilité permet d'améliorer la gestion des risques et de limiter les coûts financiers des rappels ainsi que la détérioration de l’image de marque (cf. Fig. 4).
IBM Food Trust a développé des logiciels à l’attention du secteur agroalimentaire pour l’aider à éliminer les inefficacités de la chaîne d'approvisionnement, prévenir le gaspillage, améliorer la sécurité alimentaire, renforcer l'image de marque et stimuler la croissance.
Walmart demande à tous ses fournisseurs de légumes verts d’intégrer le réseau IBM Food Trust, non seulement afin de réduire les coûts de rappel éventuel, mais aussi pour prévenir les maladies. La visibilité en temps réel de la chaîne d'approvision-nement permettrait de s'assurer que les produits atteignent les rayons au plus tôt, maximisant ainsi la durée de conservation et réduisant le gaspillage. Cela leur permettrait également d'identifier les inefficacités et de soutenir l'agriculture durable.
Les entreprises du secteur agroalimentaire cherchent à rationaliser leur chaîne d'approvisionnement, à automatiser les processus et à accroître la visibilité. L'intelligence artificielle (IA) peut les y aider en résolvant quantité de problèmes tels que les coûts élevés de stockage des conteneurs et l'optimisation des itinéraires. En effet, l'IA peut accélérer l'analyse des données, fournir une visibilité de bout en bout et aider à rationaliser les processus tout au long de la chaîne d'approvisionnement en traitant de grandes quantités d'informations provenant de différentes sources. Avec une meilleure visibilité sur les dates de péremption des aliments, les exigences de température, la capacité des véhicules, la congestion des ports et la localisation des navires en temps réel, les expéditeurs et les fabricants disposeront de plus d'informations pour améliorer la prise de décision et réduire les perturbations. La planification stratégique des actifs et l'optimisation des itinéraires grâce à l'IA aideront l'industrie alimentaire à répondre à des commandes toujours plus nombreuses. L'intelligence artificielle (IA) a la possibilité de révolutionner toutes les fonctions de la gestion de la chaîne d'approvisionnement en permettant aux organisations d'optimiser les processus, de réduire les coûts et d'accroître l'efficacité (cf. Fig. 5).
L'avenir est prometteur avec la percée et la commercialisation imminentes d’innovations passionnantes dans les domaines des camions autonomes, de l'internet des objets (IoT), de l'exécution des commandes par drone et de la blockchain.
L'IoT et la blockchain aideront bientôt à suivre les produits tout au long de la chaîne d'approvisionnement et créeront un historique numérique du produit. Celui-ci pourra être consulté non seulement par les magasins et l'équipe chargée de l'alimentation, mais aussi par le consommateur. Cela permettra d'accroître la confiance des clients, qui pourront accéder aux données relatives aux produits dans un format qu'ils comprennent.
Les Parisiens seront certainement d’accord : la gestion des déchets est primordiale.
D’après l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, près de 1.6 milliard de tonnes de nourriture sont gaspillées dans le monde chaque année. Aux Etats-Unis, c’est 30 à 40% des denrées alimentaires qui finissent à la poubelle. Le gaspillage alimentaire se produit à différents niveaux, à savoir l'agriculture, la transformation, le transport, la vente au détail, la cuisine et la consommation (cf. Graphique de la semaine).
Lorsque ces déchets alimentaires arrivent dans les décharges, les couches massives de déchets organiques se décomposent et produisent des gaz à effet de serre tels que le méthane, qui est 21 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Le secteur cherche donc de plus en plus à valoriser les déchets alimentaires en les transformant en carburants durables comme le biogaz, en engrais organiques ou en nourriture pour animaux (cf. Fig. 6).
Parmi les principaux acteurs du marché mondial de la gestion des déchets alimentaires, on peut citer : Veolia, Waste Management, Republic Services, Waste Connection, Clean Harbors and DS Smith. La croissance attendue de cette activité, qui pèse actuellement 70 milliards de dollars, est de 5.7% par an d’ici 2033.
Les innovations et les progrès technologiques dans l'industrie alimentaire font évoluer rapidement le domaine de la sécurité et la gestion de ses déchets qui vont de pair. Les réglementations en matière de sécurité alimentaire peuvent réduire les pertes et les gaspillages, soit grâce à des mesures qui empêchent la détérioration ou la contamination, soit en promouvant des technologies qui prolongent la durée de conservation. Les enjeux sont énormes et soutenus par les gouvernements, les ONG et les compagnies privées.