LE CANADA, UN PAYS PLEIN DE RESSOURCES

DANS LES MÉDIAS
Hebdomadaire du 17 Juillet 2023
Sa croissance démographique renforce ses fondamentaux économiques
La grande variété de matières premières est un atout pour sa croissance
L’inflation demeure élevée et la banque centrale du Canada tente de la juguler
Le risque de crédit pourrait peser sur le système financier et la performance du marché

Graphique de la semaine : "Les matières premières font la pluie et le beau temps"

ANALYSE DES MARCHÉS BOURSIERS

Les premiers Européens à explorer le Canada furent les Vikings, suivis des explorateurs français et britanniques. La colonisation européenne a commencé au XVIesiècle et a conduit à des conflits entre lespuissances coloniales, principalement la France et la Grande-Bretagne. Le Canada est devenu une colonie britannique en 1763 et a obtenu son indépendance en 1867. Depuis lors, le pays s’est industrialisé grâce à ses vastes ressources naturelles, notamment le pétrole, le gaz, les minéraux et les forêts, et adéveloppé une économie diversifiée dans les services financiers, les technologies de l'information et le secteur de l'agroalimentaire. Aujourd'hui, le Canada est l'une des principales économies au monde, avecun niveau de vie élevé, une main d'œuvre qualifiée et un commerce international important.

Sa croissance démographique renforce ses fondamentaux économiques

Le Canada, comme la plupart des pays développés, voit sa population active vieillir. Le premier ministre,M. Trudeau, a décidé d’agir et a fixé pour objectif d’accueillir 500'000 nouveaux résidents permanentsau Canada chaque année d’ici 2025, soit nettement plus que la moyenne annuelle de ces dix dernièresannées, proche de 300'000 (cf. Fig. 2).

L’un des avantages de l’immigration est en effet de rajeunir l’âge moyen de la population. Parmi lesnouveaux résidents arrivés au Canada en 2022, seuls 3% avait plus de 65 ans et 77% étaient en âge detravailler (cf. Fig. 3). Le ratio population active par retraité est donc de 26:1 pour les immigrants reçus en2022. Ce ratio est actuellement proche de 4:1 (actifs par retraité) contre 7:1 il y a 50 ans

Fig. 2 – Nombre annuel d'immigrants au Canada

Fig.3 - Age des immigrants au Canada en 2022

L’arrivée d’une immigration « choisie » à plus de 50% permet d’augmenter la croissance du PIB. Cesnouveaux arrivants trouvent des emplois mieux rémunérés que la majeure partie de la population localeet soutiennent la croissance de la consommation. Ils contribuent également à augmenter l'innovationtechnologique, l’entrepreneuriat et la production de biens et de services.

La grande variété de matières premières présentes au Canada est un atout pour sa croissance

En 2021, le secteur des ressources naturelles représentait 17.1% du PIB du Canada (cf. Fig. 4) et plus de51% des exports de marchandises soit près de 319 milliards de dollars. L'indice composé S&P/TSX est le principal indice sur les actions canadiennes. Sa composition reflète l’exposition du Canada aux ressources naturelles. Les secteurs de l’énergie et des matières premières représentent respectivement 17% et 12%de l’indice (cf. Fig. 5) et impactent fortement la performance de l’indice (cf. Graphique de la semaine). Le secteur financier représente près d’un tiers de l’indice (31%), rendant le marché plus cyclique que d’autres marchés développés. Les secteurs défensifs (biens de consommation 4.2% et services publics4.5%) pèsent moins de 9% de l’indice et le secteur pharmaceutique est quasiment absent (0.3%).

Fig. 4 – Poids des matières premières dans le PIB F

Fig. 5 – Répartition sectorielle de l’indice TSX

Parmi les 10 plus grosses capitalisations boursières canadiennes se trouvent essentiellement de banques (Royal Bank of Canada, Toronto Dominion Bank, Bank of Montreal, Bank of Nova Scotia Halifax),un asset manager (Brookfield Corporation), des sociétés actives dans le secteur de l’énergie (Enbridge etCanadian Natural Resources). Pour transporter ses nombreuses matières premières, le Canada est également devenu un leader du transport ferroviaire avec Canadian Pacific Kansas City et CanadianNational Railways. Enfin, plus récemment, Shopify, une plateforme de commerce en ligne, a contribué à augmenter la volatilité de l’indice.

La Banque du Canada a repris son combat contre l’inflation

La Banque du Canada était l’une des premières banques centrales à remonter les taux d’intérêt directeursen mars 2022. Elle avait suspendu ses hausses de taux temporairement entre janvier et juin 2023.Cependant, en réponse aux données récentes qui indiquent une économie en pleine expansion, laBanque du Canada a augmenté à nouveau son taux directeur de 25 points de base pour le porter à4,75% le 7 juin dernier (cf. Fig. 6), et a déclaré qu'elle devait continuer de resserrer sa politique monétaire pour faire baisser l'inflation. Une nouvelle hausse (+25 bsp) a donc encore été annoncée le 12 juilletfixant le taux directeur à 5%.Le produit intérieur brut du Canada a augmenté à un rythme annualisé de 3,1 % au premier trimestre,dépassant les attentes des économistes, les Canadiens continuant à dépenser. Le taux d'inflation est ressorti supérieur aux attentes à 4,4 % en avril, soit un peu plus que le chiffre de mars. En mai, l’inflation a ralenti à 3.4% en ligne avec les attentes.

Fig. 6 – Courbe des taux directeurs depuis 2022

Fig. 7 – Balance commerciale du Canada ($Mn)

Le déficit commercial canadien du mois du mai n’a jamais été aussi élevé depuis octobre 2020 (cf. Fig.7).Les secteurs des biens, comme l’agriculture et l’extraction minière, pourraient afficher des chiffres plusfaibles qu’attendu au deuxième trimestre, alors que les exportations de ces biens ont chuté. Du côté desimportations, la progression réelle laisse présager une vigoureuse demande des consommateurs au coursdu trimestre. En conséquence, la forte hausse du déficit commercial n’a pas fait bouger les prévisions decroissance annualisée du PIB réel, toujours estimées à 2% pour le deuxième trimestre, mais a plutôtmodifié la principale cause de ce déficit, qui est redevenue la forte demande intérieure. La Banque duCanada n’avait donc d’autre choix que de reprendre sa politique de resserrement monétaire.

Un système financier exposé au risque de crédit

Le secteur bancaire pèse lourd dans l’indice canadien. L’agence de notation Fitch s’attend à unedétérioration des paramètres financiers au cours de l’année 2023. En effet si les revenus nets d’intérêt(NII) continuent de bénéficier de la hausse des taux, une augmentation des prêts non performants etune augmentation des faillites d’entreprises pourraient conduire à une augmentation significative desprovisions et donc une contraction du résultat net des banques.L'augmentation des remboursements hypothécaires et les pressions inflationnistes, associées à lahausse du chômage, posent des risques pour la qualité du crédit. La baisse des prix des logementspourrait se poursuivre. Cependant, l'immigration élevée et la faible offre de logements ne laissent pasprésager la fin des problèmes d'accessibilité au logement au-delà du cycle actuel de hausse des taux.

Bien que les perspectives sectorielles des banques canadiennes se détériorent, la qualité des actifs, larentabilité, la capitalisation et la liquidité sont à des niveaux historiquement élevés, et offrent unecertaine résilience en cas de ralentissement économique. De plus, l'autorité de régulation financière duCanada (OSFI) a décidé de relever le montant des fonds propres que les grandes banques du paysdoivent détenir pour couvrir les pertes potentielles. En effet, elle estime que les vulnérabilités dusystème financier restent élevées et, dans certains cas, ont continué à s'aggraver. L'augmentation de lamarge de sécurité fera passer le ratio de fonds propres des grandes banques de 11 % à 11,5 % (cf. Fig.8), un seuil que celles-ci dépassent déjà. Ce ratio est un indicateur clé de la solidité financière d'unebanque, qui mesure ses fonds propres par rapport au total de ses actifs pondérés en fonction des risques.L’OSFI a également pris des mesures pour renforcer le bilan des banques canadiennes face aux risquesde détérioration des crédits hypothécaires. Le régulateur veut en effet s’assurer que les banques secouvrent face aux 12% de prêts hypothécaires actuellement non assurés au Canada. Les banques ontl’ordre de demander à leurs clients de réduire le ratio prêt sur valeur du bien à 65%. De plus le prix desbiens immobiliers a fortement baissé ces derniers trimestres (cf. Fig. 9) face à la hausse de taux, ce quimet d’autant plus la pression sur les ménages les plus endettés.

Fig. 8 – Ratios de fonds propres des banques

Fig. 9 – Variation des prix de l’immobilier

Conclusion

Le Canada possède de nombreux atouts. Ses richesses naturelles, la taille de son territoire et sa croissancedémographique en font un pays à part et résilient. La structure de son indice de marché, le S&P TSX,demeure encore très exposée au secteur financier, à l’énergie et aux matières premières mais il contientdes valeurs de qualité. Il a sa place dans les portefeuilles diversifiés. Sa nature très cyclique en fait uneposition à privilégier si l’économie redémarre ou si le super-cycle sur les matières premières se confirme.

RENDEMENT DES ACTIFS FINANCIERS